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Liége. Année 1848, année folle et fatale. Puisque le monde est en démence, j’ai saisi ce moment aussi de faire mes folies ; — et mes folies à moi, ç’a été de venir ici (Liége) vivre toute une année avec les illustres et aimables morts, Villehardouin, Joinville, Froissart, Commynes, Montaigne, tous en foule et à la fois jusqu’à Buffon et Chateaubriand ; de les accueillir en moi, de les entendre, de les interpréter, de me mêler plus intimement que jamais à eux, et d’oublier, s’il se peut, dans leur commerce, les sottises et les misères du présent.


Toutes mes idées politiques ont changé, du jour où j’ai été convaincu de ce résultat d’observation morale :

« Les hommes sont une assez méchante et plate espèce ; il n’y a de bons que quelques-uns, et ceux-là il faut sans cesse les extraire et les