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Il n’y a de vrai à un certain moment, de raisonnable et de sûr dans les passions franches et naturelles que de se lier une bonne fois, que d’enchaîner l’avenir et de l’embellir à jamais par un éternel souvenir. La vieillesse est douce ensuite, la fatigue, la diminution des forces et de la vie, tout cela devient un charme de rêverie en souvenir de ce qu’on a goûté, de ce qu’on a été l’un pour l’autre, et de ce qu’un regard apaisé se dit dans une larme.

Le xviiie siècle avait du bon s’il n’avait pas trop appuyé. Vieillir avec une personne qui sait la vie et avec qui on l’a goûtée, vieillir ensemble, unis, satisfaits et fidèles ; il y a là tout le bonheur humain retrouvé… Hic ipso tecum consumerer ævo.