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avec impatience. Je fais demander coup sur coup si l’on n’a rien ; puis, quand j’en suis certain, ma journée est close ; je ferme mes rideaux, je m’étends sur mon lit d’ennui et m’y figure aisément un tombeau. Ma pensée ne vit plus, tout travail m’est odieux, et je ne me plais qu’à retourner mon ennui, mon délaissement, la fuite des choses aimées.

Et c’est elle qui s’appelle raisonnable et qui affecte de l’être, qui constitue un tel état, qui se garderait de le prévenir ou de le guérir, et pour qui la plus frivole convenance du monde l’emporte sur ces sentiments naturels auxquels l’issue est refusée !

Oh ! que de sentiments perdus, consumés en eux-mêmes ! Comment laisser perdre ainsi les trésors du cœur !