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voyez que je n’aurais pas dû vous écrire : mais vous autres, pauvre chère madame, vous autres belles dames du monde, vous ne savez pas ce que vous faites en jouant ainsi sans cesse avec les lions et les ours. — Pour en revenir à l’état où je suis, je hais le monde, j’en ai de trop ; si j’avais un pauvre petit avoir à moi, un coin ou reposer ma tête, j’y courrais, je m’y cacherais durant tous ces mois, mais je suis là, enchaîné à cette borne de l’exécrable Institut, en plein Paris. Qu’importe ? Je ne vais nulle part, je n’ai pas fait une seule visite depuis que je vous ai écrit. Je dis assez clairement à tout ce monde : « Je ne me soucie pas de vous, de grâce, je suis reconnaissant. Mais laissez-moi. » Voilà le vrai. Avec cela je m’extermine de fatigue le plus possible,