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et pourtant je n’ose rien risquer de solennel, d’irréparable.

Comment le chemin qui mène chez vous, comment les pavés de votre place, comment l’idée de me retrouver devant vous m’est-elle devenue pénible, presque odieuse ? Est-ce ma faute, à moi uniquement ?

Depuis des mois, pas un mot de vous, de ces mots que j’aurais désirés et que j’implorais, n’est tombé sur moi. Vous avez mesuré toutes vos paroles.

J’ai touché, j’ai heurté la limite de votre affection, et cette limite, durant des mois, est demeurée inébranlable.

Mais ce n’est pas ici le moment de rappeler ces choses : il me suffit de les laisser échapper pour expliquer ce qui ne se pourrait autrement comprendre.