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Ô Mort, que tu as de formes diverses, et que celui qui t’a déjà rencontrée peut néanmoins te trouver nouvelle ! On t’a vue, quand tu te prends à la jeunesse et à la beauté, t’y acharner avec violence, y revenir coup sur coup, pour les ébranler, comme avec sa hache le bûcheron furieux, et leur livrer de longs assauts dans des agonies terribles. D’autres fois, tu t’attaques lentement et d’une ruine continue à l’enveloppe en même temps qu’au fond, tu opères degré par degré l’œuvre de destruction dans les plus florissantes natures, tu y ravages tout avec un art cruel avant de frapper le dernier coup au cœur ; une vieillesse comme centenaire est empreinte sur des visages de vingt ans. Mais à d’autres fois aussi, et quand tu te sers, ô Clémente,