Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois, soit qu’elle fût trop faible, après tant d’efforts, ou trop attendrie, elle le laissa s’expliquer jusqu’au bout sans l’interrompre. Il avait fini lorsqu’il vit dans l’ombre une main qui s’avançait comme pour chercher la sienne ; il la donna et sentit qu’après une tremblante étreinte, celle de Christel ne se retirait qu’après lui avoir remis celle même de sa mère. Un long silence d’émotion suivit ; le jour était tout à fait tombé ; on n’entendait qu’un soupir. Après un certain temps, tout d’un coup la domestique entra, sans qu’on l’eût appelée, apportant un flambeau : mais la brusque lumière éclaira d’abord le front blanc de Christel renversé en arrière, et ses yeux calmes à jamais endormis.