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grandes familles du pays. Christel n’apprit ces détails que successivement, et sans rien faire pour s’en enquérir ; mais, quoique sa mère et elle ne reçussent habituellement aucune personne du lieu, les simples propos des voisines, la plupart du temps en émoi si l’on voyait le jeune homme arriver au galop du bout de la place, puis mettre son cheval au pas en approchant, auraient suffi pour instruire. Cet intérêt de Christel pour une situation qu’elle devina du premier coup fut-il, un seul instant, purement curieux, attentif sans retour, et, si l’on peut dire, désintéressé ? Un certain trouble et la souffrance ne s’y joignirent-ils pas aussitôt ? Elle-même l’a-t-elle jamais su ? Ce qui est certain, c’est qu’un jour en agitant dans ses mains quelqu’une de ces