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chose ; il sortit en saluant, et lorsqu’il passa devant les fenêtres, Christel vit qu’il avait déjà brisé l’un des cachets, et qu’il commençait à lire avidement ce qui semblait si pressé de l’atteindre.

D’autres lettres vinrent les jours suivants ; il revint lui-même, poli, silencieux, tout entier à ce qu’il recevait. Un singulier intérêt s’y mêlait pour Christel : évidemment ce jeune homme aimait, il était aimé. Le comte Hervé n’avait pas vingt-cinq ans ; il était beau, bien fait ; il avait servi quelque temps dans les gardes d’honneur, puis dans les mousquetaires, je crois, en 1814. Depuis plusieurs mois il avait quitté le service, Paris et le monde, pour vivre dans la terre de son père, à une lieue de là. C’était une des plus anciennes et des