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nobles aïeux de sa mère, qui se mêlait, sans s’y perdre, à toutes les franchises d’une nature ingénue et aux justes notions d’une éducation saine. Sa soumission au sort dissimulait seulement l’intime fierté, comme sa simplicité courante permettait toutes les grâces, comme sa douceur recélait des flammes. Christel souffrait ; ce jour-là elle souffrait plus. Elle se cachait soigneusement de sa mère, et de peur de se trahir, elle tâchait de ne se l’avouer à elle-même que durant l’heure de ce sommeil de chaque après-dînée, qui la laissait comme seule à sa tristesse.

Christel n’avait aimé encore ni pensé à aimer que sa mère ; elle ne l’avait jamais quittée que pendant une année pour aller à Écouen, et ç’avait été la dernière année de cette maison. Les douleurs de sa patrie