Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dait à tous et les aidait quelquefois à écrire l’adresse de leurs lettres ou même la lettre tout entière. Elle fut bientôt connue et respectée de ces gens des environs, bien qu’ils fussent d’une fibre en général ingrate, d’une nature revêche et dure.

Un jour, une après-midi, pendant que sa mère, au sortir du dîner, sommeillait dans son fauteuil, comme il lui arrivait souvent (et c’étaient ses meilleures heures de repos), la jeune fille, Christel[1], rêveuse, attentive au rayon de premier printemps qui perçait jusqu’à elle ce jour-là et jouait dans la chambre, rangeait d’une main distraite les lettres reçues, la plupart à distribuer, quelques-unes

  1. Christel, dans les ballades du Nord, quelque chose de plus doux que Christine.