Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce sera un autre que vous croirez aimer, et ce n’est qu’à la fin, en comparant, que vous verrez que c’était bien le même. Laissez, je veux ressusciter en vous l’Amour, cet enfant mort qui n’était qu’endormi. » Elle écoutait avec charme et silence, et, soulevant du doigt, pendant qu’il parlait, la dentelle noire qui la voilait à demi, elle ne perdait rien de ce qu’ajoutaient les regards. « Oh ! permettez-moi, disait-il en lui tenant la main avec le respect le plus tendre, dites que vous me permettez de reprendre courage et de vous adresser mes timides espérances, dites que vous tâcherez de m’aimer et que vous me permettez de vouloir vous convaincre. » — « Eh bien ! je tâcherai, lui dit-elle avec une grâce attendrie, et je vous permets. À ce soir donc,