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jours et avec fidélité, avec une fidélité à laquelle je crois tout aussi fermement que jamais, oh ! je ne la méprise pas, je ne la rejette pas avec dédain, cette affection, mais je ne puis m’en satisfaire. Elle me laisse vide et désert au prix des précédentes douceurs. Je ne veux pas être aimé ainsi. Non, et si les obstacles qui séparent notre existence cessaient, si celui d’Amérique mourait demain dans son exil, je ne voudrais pas, au taux de cette tendresse que vous m’offrez sans passion, je ne voudrais pas des douceurs d’un commerce et d’une union continue. Non, être aimé comme devant, ou être malheureux toujours ! Le souvenir de la passion perdue m’est plus beau qu’une tiède jouissance. Je partirai, j’irai en de lointains voyages, je reviendrai dans cette vieille