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et variaient sans cesse leur présent bonheur. Leur roman était là, car le roman n’est jamais le jour que l’on vit : c’est le lendemain dans la grande jeunesse ; plus tard c’est déjà la veille et le passé.

Aux raisonnements aimables de M. de Murçay, madame de Pontivy, charmée par instants et souriant en toute complaisance, répondait que c’était juste, mais au fond ne demeurait pas convaincue. Elle en revenait toujours à son idée, que la passion est tout, et le reste insignifiant ou très secondaire ; ou bien elle accordait que les distinctions de M. de Murçay étaient parfaites, qu’il y avait nécessité pour elle de se rendre plus raisonnable et un peu moins tendre, et qu’elle tâcherait l’un et l’autre ; ce qu’il n’entendait pas du tout ainsi. Il résultait de là, souvent de