Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui, l’aimant (elle n’en pouvait douter), agissait si sincèrement pour le retour et dans l’intérêt d’un rival. Mais cette idée de rival était un trait qui la faisait de nouveau bondir, en lui montrant présent le danger. Ce qui n’empêchait pas qu’à la prochaine visite, en ne voulant causer avec M. de Murçay que des moyens de sauver et de ramener l’absent, elle l’oubliait insensiblement tout à fait, pour jouir du charme de cette conversation si attentive et si tendre, si variée dans son prétexte unique, et si doucement conduite.

Elle luttait ainsi en vain contre une passion dont elle ne s’était pas soupçonnée capable, et qu’elle découvrait déjà formée en elle. Elle souffrait, et sa santé s’en altérait ; mais chaque jour, sous la lan-