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intérêt réel et vrai pour la créature privilégiée qui ne me connaît pas et qui ne m’a pas, je crois, adressé deux fois la parole dans sa vie. L’homme m’intéresse aussi, parce qu’il est bon et a l’air touché. Pourtant, avec lui, quand mon œil l’effleure en passant, mon ironie a prise et recommence. Il est toléré, il est écouté, il se croit heureux. Mais moi qui ai vu l’autre règne, qui ai entendu cet inexprimable cri vers moi, et qui ai su pourquoi, j’ai en pitié son bonheur.

P.-S. — Quand je dis qu’il se croit heureux, je ne sais trop ; car, un jour d’été que la pendule avait encore besoin de réparation (rien ne nuit aux pendules comme d’avoir été négligées longtemps), et que le vieil intendant me l’apporta, j’y trouvai ce nouveau papier sous la clef au