Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1881.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quand j’arrive dans une maison tous les douze ou quatorze jours, et que j’y passe cinq minutes au plus, qu’y puis-je observer ? Eh ! mais… c’est là qu’est le piquant pour moi et le problème. J’ai autrefois étudié la géométrie et la mécanique : avec deux ou trois points donnés, déterminer le reste, recomposer tout un ensemble, voilà le triomphe. Sans en avoir l’air, j’y rêve parfois. Mes problèmes moraux se multiplient : de la sorte, je crois en avoir résolu plus d’un, et avec une certaine rigueur, surtout avec un extrême plaisir ; car, comme dit mon ami T… de Genève, qui est à mon sens un philosophe, et dont j’ai toujours le petit cahier de pensées dans mon tiroir avec mes ressorts : « Je ne sais à quoi servirait l’esprit, si ce n’est à dispenser, de temps en temps, du terre à terre de l’étude et à illuminer subitement l’observation. »

J’arrive dans les maisons, chez mes