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fleurs. Mon cœur n’a plus à en donner après deux ou trois années de préludes et de promesses. La saison des fruits était arrivée, celle des fleurs serait revenue ensuite. Mais non, vous voulez des fleurs continuelles, une promesse continuelle ; cela est factice, c’est mettre l’arbuste en serre chaude pour qu’il fleurisse sans cesse, sans réaliser jamais. Cela fait d’énormes fleurs de jardin, charme des yeux, de très belles fleurs à regarder du salon. — Toujours le salon !

Il n’y a de vrai à un certain moment, de raisonnable et de sûr dans les passions franches et naturelles que de se lier une bonne fois, que d’enchaîner l’avenir et de l’embellir à jamais par un éternel souvenir. La vieillesse est douce ensuite, la fatigue, la diminution des forces et de la vie, tout cela devient un charme de rêverie en souvenir de ce qu’on a goûté, de ce qu’on a été l’un pour l’autre, et