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nui et m’y figure aisément un tombeau. Ma pensée ne vit plus, tout travail m’est odieux, et je ne me plais qu’à retourner mon ennui, mon délaissement, la fuite des choses aimées.

Et c’est elle qui s’appelle raisonnable et qui affecte de l’être, qui constitue un tel état, qui se garderait de le prévenir ou de le guérir, et pour qui la plus frivole convenance du monde l’emporte sur ces sentiments naturels auxquels l’issue est refusée !

Oh ! que de sentiments perdus, consumés en eux-mêmes ! Comment laisser perdre ainsi les trésors du cœur !

Je lui ai dit qu’elle était la plus dissipée des femmes sérieuses ;

Je lui dirai aussi qu’elle est la plus tendre des glorieuses ; mais pour glorieuse, au fond, elle l’est.

Elle veut toujours, en amour, des fleurs ; elle ne comprend rien à la connais-