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VIII

NOTE CONFIDENTIELLE



Ce 2 juillet.


J’espérais presque aujourd’hui une lettre et je n’en ai pas reçu. Je suis seul depuis bien longtemps, je ne vois personne : mes jours se passent à l’étude ou à la réflexion, mes soirées à la marche. C’est le cas ou jamais de voir clair en moi, en mes sentiments, et la voix du dedans, en ces heures de silence et de triste sérénité des cieux, ne saurait se méconnaître.

Le fond de mon cœur est une désolation morne et sans recours. J’aime, ou plutôt (comme mon cœur ne vit plus) j’ai