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m’y cacherais durant tous ces mois, mais je suis là, enchaîné à cette borne de l’exécrable Institut, en plein Paris. Qu’importe ? Je ne vais nulle part, je n’ai pas fait une seule visite depuis que je vous ai écrit. Je dis assez clairement à tout ce monde : « Je ne me soucie pas de vous, de grâce, je suis reconnaissant. Mais laissez-moi. » Voilà le vrai. Avec cela je m’extermine de fatigue le plus possible, je voudrais pouvoir me livrer à toutes les passions pour en finir. Les matins, malgré tout, je mène assez bien l’étude ; j’y ai trouvé toujours si peu de choix et de liberté, que cela m’est à peu près égal de faire tel ou tel article, pourvu que j’aie les moyens de le bien faire. Ainsi je vais toujours de ce côté, dissimulant et faisant le sage, comme, au reste, on le fait perpétuellement dans ce monde menteur, chacun montrant une face et cachant les autres. Je me montre trop à vous aujour-