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tre ce qui se passe, comme à Compiégne, une pauvre femme reconnut un soir une voix qui répétait exactement ce qu’elle avait déjà écouté avec trop de charme. Elle en contracta sur-le-champ un tic nerveux qui ne la quitta plus et qui gâta sa beauté. Tout le monde, le lendemain, y compris le mori, avait des égards et des ménagements pour elle.

Qu’on dise encore que nous ne sommes plus au siècle de Diderot !

Cétait un peu l’âge d’or, que ces veillées du château, ou plutôt on y vivait comme en pleine douceur et en plein épanouissement philosophique des premières années du règne de Louis XVI.

Mais l’anecdote ci-dessus n’a rien de commun avec l’aventure du Clou d’or. Un jour, on fut prévenu au château qu’un célèbre romancier chinois devait arriver le lendemain. Justement il venait de publier un livre qui faisait grand bruit dans sa langue, mais personne ne l’avait lu au château, et on ne