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plus en lui l’homme d’imagination et le poète.

Bien que les lettres seules soient la partie résistante et intacte de ce petit roman, on a cru devoir retenir et recueillir ici quelques-uns des brins d’or et de soie qui devaient en former la contexture.

Avant de développer, dans des lettres à une femme distinguée et qu’on a lieu de croire réelles, une idée qui certainement paraîtra un paradoxe à la plupart des gens vertueux, ce philosophe du xviiie siècle plus que du nôtre avait fait appel, en vrai critique, aux meilleurs maîtres, ses devanciers ; il s’était entouré des moralistes les plus recommandables et qui ont le mieux su parler de l’amour en parfaite connaissance de cause. Il avait fortifié sa propre expérience par des citations à l’appui. Il s’était entouré de toutes les précautions et de toutes les autorités possibles. Il citait tout d’abord un de ses auteurs de prédilection, Senac de Meilhan, dont le dernier sectateur connu de nos jours est Me Cheramy — l’excellent