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CORRESPONDANCE
CCCXIII.
a m. tilloy[1].
Ce 30 octobre 1865.

Monsieur,

J’ai à vous remercier infiniment de votre obligeant et très-utile envoi. Mon siège est loin d’être fait ; je n’ai terminé en ce moment que la première partie de la vie de Proudhon jusqu’en février 1848. Vous pourrez voir par la Constitutionnel de ce matin, et surtout par la Revue contemporaine de demain, les bases et l’esprit de ce travail. Si je le continuais comme je l’ai mené jusqu’à cette date, cela deviendrait tout un volume, et je ne dis pas que je ne le ferai pas. J’estimerais à honneur de l’exécuter à la satisfaction des amis de Proudhon, j’entends de ses amis philosophiques comme M. Clerc[2], dont vous me parlez, et comme vous-même. J’aurais besoin pour cela de quelques documents encore qui ne peuvent manquer de m’arriver. Dans le cas où je ferais cette seconde partie, je désirerais avoir sous les yeux non pas seulement des phrases détachées, mais les lettres mêmes, — copie entière des lettres avec toute l’argumentation, qui est chose essentielle et qui constitue véritablement un Proudhon raconté, jugé et commenté par

  1. M. Tilloy, alors journaliste à Péronne, est le père de ce jeune médecin si distingué, mort à vingt-cinq ans et dont on a publié une si belle lettre sur les funérailles de Sainte-Beuve dans les Souvenirs et Indiscrétions.
  2. M. Clerc, chef d’escadron d’artillerie, aujourd’hui en retraite. — Voir, dans la Correspondance de Proudhon et dans le livre de Sainte-Beuve (p. 276), les lettres qui lui sont adressées.