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CORRESPONDANCE

imprimés[1] ; je n’avais à moi, d’une ancienne édition, que le Cabinet. J’ai retrouvé là tout ce monde de Ronsard et de Regnier et de Théophile, tout un monde de poésie et de vie salée entre bons compagnons. Avec tous les vices de ce vieux temps, il y avait alors des libertés, des licences, des plaisirs qui sont interdits aux nôtres. Je ne sais si la poésie, l’esprit poétique et aussi le métier ont fait des progrès depuis. Vous avez, mon cher ami, le bannissement de Théophile. Baudelaire a eu aussi son éclaboussure. Vous ressemblez aux vieux maîtres par d’autres côtés encore et par le culte de ce qui vous semble les bons mystères. Troubat a rencontré Glatigny, qui lui a récité quelques vers de la bonne sorte. Je suis un Bertaut pour la sagesse auprès de vous tous ; je ne suis pas du moins un Caton.

J’avance dans le Proudhon, mais avec lenteur. Les commencements seront très-bien exposés. J’aurai des difficultés presque insurmontables à partir de 1848. Je m’en tirerai avec un peu de décision et de rapidité. Je garderai soigneusement vos lettres et vous les renverrai au premier appel. Je vous remercie encore une fois de vos dons, de vos bons souvenirs, et je vous envoie en retour mes meilleurs sentiments.

  1. Voici les titres des quatre volumes auxquels Sainte-Beuve faisait allusion : Le Cabinet satyrique ou recueil parfait des vers piquants et gaillards de ce temps, tiré des secrets cabinets des sieurs de Sygognes, Regnier, Motin, Berthelot, Maynard et autres des plus signalez poëtes de ce siècle. Nouvelle édition complète s. n. de lieu (Bruxelles), 1864, 2 vol. in-18; — Le Parnasse satyrique du sieur Théophile, suivi du nouveau Parnasse satyrique, s. l. (Bruxelles), 1864, 2 vol. in-18.