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DE C.-A. SAINTE-BEUVE.

et peut-être (quoique le caractère soit encore plus fort que les idées) aurait-on gagné un peu sur lui[1].


CCCXI.
a m. poulet-malassis, a bruxelles.
Ce 1er octobre 1865.

Mon cher ami,

Je vous remercie bien, j’ai tout reçu. Il a fallu aller au Ministère, où l’on a ouvert le paquet, mais ma déclaration a suffi. Je me suis régalé des quatre volumes ré--

  1. Voici quelle fut la réponse de M. Duchatel :
    à Chantilly, 19 septembre 1865.
    » Mon cher confrère et ancien ami,

    » Je sais très-bon gré à la mémoire de Proudhon de me fournir une occasion de me rappeler à votre souvenir. Je n’ai pas oublié mes anciennes relations, et la pensée en est pour moi d’un grand prix. Je voudrais que ma mémoire fût aussi fidèle pour la lettre sur laquelle vous désirez des renseignements. Mais je n’en ai conservé aucun souvenir. Je ne sais même pas si elle a passé sous mes yeux. En 1842, Proudhon n’avait pas la célébrité qui commande l’attention. Plus les lettres des faiseurs de systèmes étaient longues, moins on était porté à les lire. Quand l’économie politique n’est pas quelque chose de très-simple, l’application des principes de liberté, de travail et de propriété, elle dégénère bien vite en absurdes chimères. Je n’avais pas le temps, pendant que j’étais au ministère, de m’occuper du chimérique ; le réel suffisait, et au delà. C’est ainsi que je m’explique mon défaut complet de souvenir.

    » Je tiens à vous répéter, mon cher confrère et ancien ami, que je saisis avec grand plaisir cette occasion de vous offrir l’expression de tous mes anciens et sincères sentiments. »