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CORRESPONDANCE

yeux. Il va jusqu’à prétendre que, loin d’aller en perdant sans cesse et en laissant tomber chemin faisant quelques-unes de leurs plus belles fleurs, les Anthologies ont dû se perfectionner à chaque recueil nouveau. Vous le savez bien, vous, qui sentez les vraies fleurs et qui faites la moue aux assa fœtida, vous savez s’il y a eu progrès ou déchet dans ce genre de recueils. M. Jullien, comme vous l’avez remarqué, a pris le mot d’épigramme dans le sens le moins antique et le plus faux. Son idéal en ce genre, ce sont les plus petits vers pointus ou musqués de notre xviiie siècle. Chacun prend ses modèles à sa hauteur ; ceux qui se sont donné la peine de lire les Histoires littéraires de M. Jullien savent quelles sont ses prédilections ; et ses propres vers à lui, ses épigrammes ou bouquets à Chloris, je vois bien que vous ne les avez jamais lus ! Vous lui faites une manière d’éloge du soin qu’il a, en toute question, de bien définir les termes. Il est vrai que, quand il a à dire une bêtise, M. Jullien a grand soin de la mettre dans tout son jour.

Je vous demande pardon, cher et savant maître, de cette boutade qui m’est échappée. Mais à, qui demanderait-on justice dans un litige sur Méléagre, sinon à vous, arbiter et judex et rex !


CCCV.
a m. edmond scherer.
Ce 2 septembre 1865.

Mon cher ami,

J’apprends trop tard que j’ai à vous remercier beaucoup pour ce que vous avez dit dans le Temps sur ce discours