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CORRESPONDANCE
CCXCIX.
a m. camille doucet.
Ce 12 juillet 1865.

Mon cher ami,

J’espère que vous êtes bien, que madame Camille Doucet se trouve bien des eaux, que vous jouissez d’un doux rien-faire et que le Vichy ne se prend qu’à petites doses.

Je ne fais rien de mon côté qu’à petites doses aussi ; je distille mes prix de vertu[1] ; je ne vois guère qu’un ou deux actes des pièces amusantes où mon monde assiste le dimanche : un peu de Mandrin, un peu de Pays latin ; de l’Académie le jeudi ; plus, du Sénat ; — et, malgré tout, toujours un peu de migraine. Mais tout ceci n’est que pour en venir à une sollicitation qu’on me prie de faire auprès de vous.

M. Raymond Deslandes, l’auteur dramatique bien connu, aspire au ruban rouge si bien porté par plus d’un de ses confrères. Vous savez ses mérites, il me parait gentil garçon ; voyez, jugez, faites !

Vous aurez lu le rapport de Mérimée sur les serinettes, orgues de barbarie et pianos… Voilà un événement ; une proposition carrée et nette de rejet de loi. Le Journal des

  1. L’Académie venait de nommer Sainte-Beuve directeur, et, en cette qualité, il eut à prononcer, cette année, le discours sur les prix de vertu. Il y travaillait en ce moment-là.