Page:Sainte-Beuve - Correspondance, 1822-1869, tome 1.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui t’est survenu, j’en serais content, si ce n’était un nouvel empêchement à nos projets ; car il paraît que la récolte scolastique promet beaucoup, et, si M. Landry trouve à moissonner abondamment cette année, il permettra à l’économe de glaner aussi dans son champ. Ainsi la partie ne serait que différée aux vacances prochaines. Mais Fortuné, il est sans excuse et impardonnable. Je te charge, mon cher ami, de l’ébranler à force d’arguments. Mets-toi en avant comme un bataillon de tirailleurs, tandis que nous autres préparerons de loin toutes nos forces, tout notre corps d’armée pour emporter d’assaut cette place imprenable. Dis-lui qu’il s’attende à voir tomber sur lui, comme autant de bombes, invitations sur invitations, lettres sur lettres, jusqu’à ce qu’il crie merci, et qu’il amène pavillon à Boulogne.

Franchement, mon cher Aimé, je pense à toi plus souvent que tu ne crois et, je te le répète encore, tu nous rendrais service, à moi surtout, si un de ces matins tu débarquais sur le territoire de notre ville. De toute manière nous ne tarderons pas à nous revoir. Un mois est passé depuis mon départ de Paris, et il n’en reste plus qu’un bien court jusqu’à ce que je revoie les colons de la rue Blanche.

Adieu, mon cher Aimé ; viens nous consoler ou console‑toi là-bas de la manière dont tu l’entends. En un mot, sois fidèle à toutes les personnes qui t’aiment.

Crois que je suis du nombre.