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II.

À M. SELLÈQUE[1].
Ce 14 septembre 1822.
Mon cher Aimé,

Neate[2], à son arrivée, n’a pas manqué de me remettre tes dépêches, et, moi, je veux aussi t’envoyer les miennes, pour te montrer que je n’ai pas oublié non plus Aimé Sellèque, ou Sénèque, ou Seleucus, ou père Jean ; car il m’est permis de décliner ainsi tous tes noms comme tu as fait des miens, qui sont, je l’avoue, bien moins illustres. Eh bien, te voilà donc retenu au bureau d’économe pour toutes tes vacances, à ce que m’a dit Neate ; c’est-à-dire te voilà condamné à plus d’un mois d’ennui, quand les autres s’amusent. Te voilà noyé dans les quittances, les mémoires et toutes ces vilaines choses qui ne sont bonnes que quand on les fait à son profit. Si cependant tu pouvais, pour quelque quinze jours seulement, tromper la vigilance du Plutus de la maison Landry, le laisser dormir sous tes

  1. M. Sellèque, ancien directeur du Glaneur d’Eure-et-Loir, journal républicain supprimé par le coup d’État en 1851, avait été condisciple de Sainte-Beuve à la pension Landry. Il sera de nouveau question de lui dans une lettre du 12 décembre 1868 à M. A-S. Morin, compatriote de M. Sellèque.
  2. Neate, un autre condisciple de Sainte-Beuve à la pension Landry. Il est devenu membre de l’Université d’Oxford, et il a représenté cette ville à la Chambre des communes.