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Ce dernier coup sera décisif, et je me promets bien d’applaudir au résultat ; car, en vérité, ces vieilles gens sont incorrigibles et harcelants, et, par la physiologie et la médecine, ils pourraient gagner nos jeunes et spirituels philosophes des amphithéâtres, qui ne conçoivent pas que la question de l’immortalité de l’âme soit postérieure à la psychologie, et que, de quelque façon qu’on la tranche, la science n’en est pas moins posée auparavant.

Guizot a commencé ; il traite de la civilisation en France ; il avait traité, l’année dernière, de la civilisation en Europe.

En littérature, on imprime à force pour cet hiver. Les Orientales de Victor Hugo vont paraître, et bientôt après un petit roman de lui en un volume, le Dernier Jour d’un condamné ; tu peux concevoir ce que ce sera. De Vigny a fait aussi un roman qui, je crois, est vendu et par conséquent paraîtra bientôt ; mais il ne dit pas ce que c’est. On imprime une espèce Histoire de la Russie avant Pierre le Grand du général de Ségur ; mais c’est plutôt un tableau qu’une Histoire détaillée. Le Napoléon en Égypte de Barthélemy et Méry a eu grand succès ; c’est admirable à tout moment dans le détail ; mais cela manque de composition et de haute philosophie, comme il en faut en poésie. Le pittoresque y est généralement très-beau, et différent du descriptif de Delille, dont pourtant ils ne se sont pas assez gardés toujours. La deuxième édition de Damiron[1] vient

    saire ; il lui en reste quelque chose. C’est ce qui est arrivé ici. Une probité philosophique plus scrupuleuse que celle de M. Cousin se fût privée d’un tel moyen ; mais, en pareil cas, l’audacieux personnage n’y regardait pas de si près. » (Causeries du Lundi, tome XI, 3o édition, 1868. Pensée CXVI, p. 488.)

  1. Histoire de la philosophie en France au xixe siècle.