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que le tailleur du bon roi Midas qui puisse m’habiller à ma taille.

Adieu, mon cher Sellèque, écris-moi et console-moi.

P.‑S. — Maman te remercie de ton bon souvenir. — Présente mes respects à ta femme.


IV.
À M. LOUDIERRE[1].
Ce 6 décembre 1828.
Mon cher Loudierre,

Je suis charmé de te savoir rétabli de ta désagréable chute et installé tellement quellement dans ta nouvelle résidence. L’ennui ne doit pas t’étonner : on l’éprouve à chaque changement de lieu et d’habitudes ; et tu y avais compté. L’étude comblera ces vides, et, entre deux lectures, tu penseras un moment à nous qui nous ennuyons ici autant que toi. Je ne sais plus que faire de mes samedis, et, quoiqu’ils ne fussent pas tous employés à te voir, je m’aperçois bien qu’ils t’appartenaient et qu’ils sont maintenant désœuvrés comme un

  1. Ancien professeur de rhétorique, ami et condisciple de Sainte-Beuve au collége Charlemagne. Sainte-Beuve est resté lié toute sa vie avec M. Loudierre. (Voir ce qu’on a dit de leur amitié dans le volume intitulé Souvenirs et Indiscrétions, au chapitre Sainte-Beuve chez lui, p. 137 et 156.) — En 1828, M. Loudierre était régent de rhétorique à Évreux : il fut plus tard appelé au lycée Saint-Louis à Paris, Sainte-Beuve faisait le plus grand cas de sa méthode naturelle d’enseignement, comme professeur de rhétorique. Il vit aujourd’hui dans la retraite, aimé et estimé de ses anciens élèves et des maîtres de l’Université, qui ont été ses collègues.