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qu’il marche seul avec indépendance (Ibo singulariter donec transeam), c’est bien le moins qu’on se donne le plaisir de l’insulter un peu au passage. Je rencontrai en Belgique des difficultés de plus d’un genre, et quelques-unes, très-imprévues, qui m’étaient suscitées par des compatriotes ennemis que j’ai retrouvés depuis en d’autres occasions encore. On publia à Bruxelles et à Liège d’incroyables brochures contre moi. J’eus fort à me louer de la jeunesse belge qui, me connaissant peu, prit le parti d’attendre et de me juger seulement par mes paroles, par mes actes. Je réussis malgré les obstacles ; le livre suivant qui représente l’un des deux. Cours que je professais, le Cours libre et publie, était achevé, entièrement rédigé, et devait paraître à la fin de l’année 1849, lorsque mes Causeries du Lundi, commencées à Paris en octobre, me détournèrent et m’accaparèrent tout entier.

Ce Cours, au reste, avait été comme la préface naturelle des Causeries ; je faisais une leçon régulièrement chaque lundi dans la salle académique de Liège, tout comme depuis, à pareil jour, je publiais mon article au Constitutionnel.

Je donne aujourd’hui ce Cours exactement tel qu’il était préparé en 1849, sauf les notes que j’y ai ajoutées en le revoyant ; je le donne avec la Dédicace d’alors, avec la Préface d’alors. Bien des parties n’en sont plus nouvelles j’y ai puisé amplement à diverses reprises pour les articles que j’ai publiés sur Chateaubriand. Il m’a semblé cependant qu’il ne serait pas sans utilité d’offrir aux jeunes esprits que la littérature n’ennuie pas ces analyses étendues, sous leur première forme, dans toute leur clarté et avec tout leur développement.