Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, IX, 3e éd.djvu/148

Cette page n’a pas encore été corrigée

Lundi, 14 noTcinrire lî

ETIENNE DE LA BŒTIE

L’AMI DE MONTAIGNE


La Boëtie a été la passion de Montaigne ; il lui a inspiré son plus beau chapitre, ou du moins son plus touchant ; leurs deux noms sont à jamais inséparables, et sitôt qu’on parle d’amitié, on les rencontre des premiers, on les cite inévitablement, de même que lorsqu’on parle de l’amour dune mère pour sa fille, on nomme madame de Sévigné. La Boëtie mérite donc l’intérêt non-seulement des érudits, mais de tous ceux qui s’occupent des Lettres au point de vue de la morale et des sentiments les plus chers à l’homme. Il a laissé peu d’écrits, et ces écrits, productions de première jeunesse, ne représentent que très-imparfaitement sa forme intime et définitive, et cette supériorité qu’il faut bien lui reconnaître, puisque Montaigne l’a si hautement saluée en lui. Il est curieux pourtant de l’étudier et de chercher à le deviner et à le découvrir dans ce qu’il a laissé. Dans ces dernières années et depuis quelque temps, La Boëtie a trouvé des investigateurs et des biographes qui se sont attachés particulièrement à le mettre en lumière. M. Léon Feugère, qui s’est fait si honorablement connaître par ses publications sur le seizième siècle, a