Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, IV, 4e éd.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CAUSERIES DU LUNDI.


Lundi 7 et mardi 8 avril 1851.

MIRABEAU ET SOPHIE.
I.
(Dialogues inédits.)

Une Étude du xviiie siècle où manqueraient Rousseau et Voltaire ne serait pas plus incomplète que cette même Étude d’où serait absent Mirabeau. Il est la première grande figure qui ouvre l’ère des révolutions, qui traduit en discours et en actes publics ce qu’avaient dit les livres ; la première qui se dessine, en la dominant encore, dans la tempête. Aborder Mirabeau en plein serait une rude tâche, et il n’est pas de ceux qui se laissent prendre de biais et qu’on effleure. Aujourd’hui pourtant, grâce à un secours bienveillant, l’idée m’est venue de le ressaisir dans l’épisode le plus saillant de sa jeunesse, dans cet épisode trop célèbre, sa liaison avec Sophie, et de m’en faire une occasion pour rassembler et rappeler quelques idées qui ne peuvent manquer de naître toutes les fois qu’on s’approche de cet extraordinaire et prodigieux personnage.

Il y a seize ou dix-sept ans que le fils adoptif de Mirabeau, M. Lucas-Montigny, a publié huit volumes de