Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, III, 3e éd.djvu/39

Cette page n’a pas encore été corrigée

botaniste suivait les jeunes princes pour leur apprendre les plantes. Un Polonais, dessinateur habile, avait peint pour eux l’Histoire sainte, l’Histoire ancienne, celle de la Chine et du Japon : tous ces tableaux d’histoire composaient une lanterne magique amusante autant qu’instructive. Ne pouvant se priver de son goût pour le théâtre, elle imagina de mettre en action et de leur faire jouer dans le jardin, où les décorations artificielles se combinaient avec la nature, les principales scènes de l’Histoire des Voyages de l’abbé Prévost, abrégée par La Harpe, et en général toutes sortes de sujets historiques ou mythologiques. Elle inventa également pour eux toute une série d’exercices gymnastiqiies alors inconnus : les exercices des poulies, des hottes, les lits de bois, les souliers de plomb ; elle put se féliciter plus tard à bon droit d’avoir appris à son principal élève a à se servir seul, à mépriser toute espèce de mollesse, à coucher habituellement sur un lit de bois, recouvert d’une simple natte de sparterie ; à braver le soleil, la pluie et le froid ; à s’accoutumer à la fatigue, en faisant journellement de violents exercices et quatre ou cinq lieues avec des semelles de plomb. » En un mot, dans toute cette partie de sa carrière, elle se montra ingénieuse, inventive, pleine de verve et d’à-propos : elle avait rencontré vraiment la plénitude de son emploi et de son génie.

Elle menait de front plusieurs élèves, M. de Valois (Louis-Philippe), ses frères, M. de Montpensier, M. de Beaujolais, et leur sœur (Madame Adélaïde) ; elle leur avait adjoint un neveu à elle, une nièce, sans compter cette fille adoptive , la célèbre et intéressante Paméla (ce nom romanesque était du choix de Mme de Genlis). Il est curieux de voir le jugement qu’elle porte de l’esprit du roi futur, alors âgé de huit ans, et qui resta