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MADAME DE POMPADOUR.

nom : après elle, il serait impossible de descendre et d’entrer décemment dans l’histoire de la Du Barry. Les rois et empereurs qui ont succédé depuis lors en France jusqu’à nos jours, ont été ou trop vertueux, ou trop despotiques, ou trop podagres, ou trop repentants, ou trop pères de famille, pour se permettre encore de ces inutilités-là : on en a entrevu au plus quelques vestiges. La race des maîtresses de roi peut donc être dite sinon finie, du moins très-interrompue, et Mme  de Pompadour reste à nos yeux la dernière en vue dans notre histoire et la plus brillante[1].


  1. Voici le relevé exact des registres de l’État civil relatifs à Mme  Pompadour :
    Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour, née à Paris, le 29 décembre 1721 (Saint-Eustache) ; — mariée, le 9 mars 1741, à Charles-Guillaume Lenormant, seigneur d’Étioles (Saint-Eustache) ; — morte le 15 avril 1764 ; inhumée le 17 aux Capucines de la place Vendôme. — Sa paroisse à Paris était la Madeleine ; son hôtel, dans le faubourg Saint-Honoré, est aujourd’hui l’Élysée.
    M. Le Roi, bibliothécaire de la ville de Versailles, a publié, d’après un manuscrit authentique, le Relevé des dépenses de Madame de Pompadour depuis la première année de sa faveur jusqu’à sa mort. Ce relevé, avec la désignation et l’emploi des sommes, présente un tableau complet des goûts variés de la marquise et ne fait pas trop de déshonneur à sa mémoire.