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lundi 16 septembre 1850.

MADAME  DE  POMPADOUR.
MÉMOIRES DE MADAME DU HAUSSET,
SA FEMME DE CHAMBRE.
(Collection Didot.)

Dans une Étude un peu suivie du xviiie siècle, Mme de Pompadour est inévitable. Il ne faut pas craindre de nommer les choses et les époques par leur nom ; et le nom sous lequel le xviiie siècle peut le plus justement se désigner à beaucoup d’égards, pour le goût, pour le genre universellement régnant alors dans les arts du dessin, dans les modes et les usages de la vie, dans la poésie même, n’est-il pas ce nom galant et pomponné qui semblait fait tout exprès pour la belle marquise et qui rimait si bien avec l’amour ? Tous les arts de ce temps portent son cachet ; le grand peintre Watteau, venu trop tôt pour elle, et qui créait un monde pastoral enchanté, semble ne l’avoir décoré et embelli que pour qu’elle en prît possession un jour et qu’elle pût s’y épanouir et y régner. Les successeurs de Watteau se complurent unanimement à reconnaître le sceptre de leur protectrice naturelle. En poésie, ce n’est pas Bernis seulement qui est tout Pompadour, c’est Voltaire dans les trois quarts