un des champions déclarés. Il eut d’abord un siège à la Chambre des Communes, et y débuta sur un bon pied. Pourtant une circonstance, en apparence frivole, le tint, dit-on, en échec, et paralysa quelque peu son éloquence. Un des membres de la Chambre, qui ne se distinguait par aucun autre talent supérieur, avait celui d’imiter et de contrefaire en perfection les orateurs auxquels il répondait. Chesterfield craignait le ridicule, c’était un faible, et il garda le silence plus qu’il n’aurait voulu en certaines occasions, de peur de prêter à la parodie de son collègue et contradicteur. Il hérita bientôt de la pairie à la mort de son père et passa à la Chambre des Lords, dont le cadre convenait mieux peut-être à la bonne grâce, à la finesse et à l’urbanité de son éloquence. Il ne comparait point toutefois les deux scènes, quant à l’importance des débats et à l’influence politique qu’on y pouvait acquérir :
« Il est inouï, disait-il plus tard de Pitt, au moment où ce grand orateur consentit à entrer dans la Chambre haute sous le titre de lord Chatham, il est inouï qu’un homme, dans la plénitude de sa puissance, au moment même où son ambition venait d’obtenir le triomphe le plus complet, ait quitté la Chambre qui lui avait procuré cette puissance, et qui seule pouvait lui en assurer le maintien, pour se retirer dans l’hôpital des incurables, la Chambre des Pairs. »
Je n’ai point à apprécier ici la carrière politique de lord Chesterfield. Si j’osais pourtant hasarder un jugement d’ensemble, je dirais que son ambition n’y eut jamais satisfaction entière, et que les distinctions brillantes dont son existence publique fut remplie couvraient, au fond, bien des vœux trompés et le déchet de bien des espérances. Deux fois, dans les deux circonstances décisives de sa vie politique, il échoua. Jeune et dans son premier feu d’ambition, il avait de bonne