fournaises pendant les chaleurs de l’été, et le soleil vous aveugle et vous brûle tout le long de la journée. Les objets du dehors qui se présentent aux yeux ne sont vus que du côté de l’ombre, qui en dérobe tout l’agrément. Aucun de ces défauts ne se trouve dans l’exposition au nord. Le calme y est toujours ; la fraîcheur s’y trouvé en été… Les objets n’y paraissent que de leur beau côté, et du côté qu’ils sont éclairés et dorés des rayons du soleil. L’exposition au levant a aussi ses agréments. Ce soleil naissant, et l’aurore sa fourrière, sont, à mon gré, des objets délicieux, la fraîcheur de la nuit tempérant l’ardeur de ses rayons. »
Ainsi, en toute chose, Huet aimait mieux l’égalité et la douceur de la lumière que le trop de rayons et d’ardeur. Ce goût-là le peint aussi au moral dans l’ensemble de son humeur comme de son génie.
Je n’ai pu que l’effleurer en passant, mais j’ai tâché de ne hasarder aucun trait qui ne fut exact et vrai sur un personnage si considérable en son temps et de loin si original. Une vie si calme et si pleine ressemble bien peu à celles d’aujourd’hui, et elle a droit d’être enviée. Pourtant, quand on sort de la compagnie de Huet, on est frappé d’un inconvénient. Cet homme décidément avait trop lu. Les hommes comme Huet savent trop. Si le monde se réglait sur eux, on n’aurait plus qu’à s’asseoir, à jouir des richesses acquises, à se ressouvenir, à exprimer ses pensées avec les expressions des anciens, car tout a été dit. Mais l’humanité aime mieux se débarrasser et jeter à l’eau de temps en temps une bonne partie de son bagage ; elle aime mieux oublier, sauf à se donner la peine ou plutôt le plaisir de réinventer, de refaire et de redire, dit-elle redire et refaire moins bien ; mais elle veut, avant tout, avoir à exercer son activité. Chaque génération de jeunesse tient à y mettre du sien et à faire acte de présence à son tour. Ce sont, après tout, les ignorants comme Pascal, comme Descartes, comme Rousseau, ces hommes qui ont peu lu, mais qui