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PRÉFACE.


J’étais revenu à Paris au mois de septembre 1849, quittant la Belgique et Liège, où j’étais allé être professeur un an. Il me semble quelquefois qu’il serait bon pour l’esprit de faire tous les ans une chose nouvelle, et de le traiter comme les terres, qu’on ensemence tantôt d’une façon et tantôt d’une autre. À peine rentré à Paris, je me sentais un grand besoin d’activité, comme après une forte année d’étude et de solitude ; mais je ne savais à quoi m’appliquer. M. Véron, directeur du Constitutionnel, apprenant mon retour, eut l’obligeance de m’offrir les colonnes de son journal pour chaque lundi. Une telle proposition avait de quoi me flatter et aussi m’effrayer. Le Constitutionnel compte des milliers de lecteurs, et d’une nature très-variée. Comment venir parler à ce public si nombreux, si divers, pure littérature et pure critique ? Comment réussir à l’y intéresser, surtout en ces temps de préoccupation politique et d’orage ? Je fis à M. Véron toutes mes objections : il