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ment un des traits du caractère de Chaulieu ; lui-même il est convenu de l’avoir poussée un peu loin :


Avec quelques vertus, j’eus maint et maint défaut :
Glorieux, inquiet, impatient, colère,
Entreprenant, hardi, très-souvent téméraire,
Libre dans mes discours, peut-être un peu trop haut.


Quoiqu’il eût manqué son but positif, Chaulieu revint de Pologne comblé d’honnêtetés, de distinctions ; avec une bague au doigt que le roi avait détachée du sien, au moment du départ, pour la lui donner. Les régalades continuent sur toute la route au retour : l’ambassadeur et l’abbé ne se lassent pas de tenir tête aux grands seigneurs du pays et de s’enivrer à la polonaise, pour soutenir l’honneur du roi leur maître. Mais Chaulieu, qui n’avait guère besoin de cet apprentissage de franc buveur, revient surtout de là avec l’expérience consommée que la vie de société ne suffit pas à donner ; et qu’on ne puise que dans le maniement d’une première affaire, même lorsqu’on n’y a pas réussi.

Être épicurien, quand on l’est avec art, n’empêche pas d’être habile, et Chaulieu, à partir de ce jour, le prouva. Pour réparer son échec de Pologne, il prend le parti de s’attacher entièrement aux jeunes princes de Vendôme, et s’insinue si bien par son esprit, qu’il devient le maître absolu de leurs affaires, l’intendant et l’arbitre de leurs plaisirs. Ces jeunes princes, qui avaient en eux le sang de Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, en combinaient les qualités et les vices au plus haut degré. Ils avaient commencé, enfants, par être des héros à la guerre, et ils furent de tout temps des débauchés plus que voluptueux. On sent, à plus d’un passage, que Chaulieu (leur aîné de quinze ans) les juge ; mais il est juge à la fois et complice, et, tout en essayant de les