Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, I, 3e éd, 1857.djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Lundi 18 février 1850.

LA MARE-AU-DIABLE, LA PETITE FADETTE,
FRANÇOIS LE CHAMPI,
PAR
GEORGE SAND.
(1846–1850.)

J’étais en retard depuis quelque temps avec Mme  Sand ; je ne sais pourquoi j’avais mis de la négligence à lire ses derniers romans ; non pas que je n’en eusse entendu dire beaucoup de bien, mais il y a si longtemps que je sais que Mme  Sand est un auteur du plus grand talent, que tous ses romans ont des parties supérieures de description, de situation et d’analyse, qu’il y a dans tous, même dans ceux qui tournent le moins agréablement, des caractères neufs, des peintures ravissantes, des entrées en matière pleines d’attrait ; il y a si longtemps que je sais tout cela, que je me disais : Il en est toujours de même, et, dans ce qu’elle fait aujourd’hui, elle poursuit sa voie d’invention, de hardiesse et d’aventure. Mais je suis allé voir le Champi à l’Odéon comme tout Paris y est allé ; cela m’a remis au roman du même titre et à cette veine pastorale que l’auteur a trouvée depuis quelque temps ; et, reprenant alors ses trois ou quatre romans les derniers en date, j’ai été frappé d’un dessein suivi, d’une composition toute nouvelle, d’une perfec-