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Lundi 11 février 1850.

LE LIVRE DES ROIS,
PAR LE POËTE PERSAN
FIRDOUSI,
PUBLIÉ ET TRADUIT PAR M. JULES MOHL
(3 vol. in-folio.)

Rassurez-vous : ce titre de Livre des Rois n’a rien de séditieux. Il s’agit d’un immense poëme composé, il y a plus de huit cents ans, par un grand poëte, l’Homère de son pays, et dont le nom frappe sans doute ici bien des lecteurs pour la première fois. J’avouerai que moi-même qui en parle, il n’y a pas bien longtemps que je le connais d’un peu près. Ce poëte, pas plus qu’Homère, n’a inventé les sujets qu’il célèbre ; il les a puisés dans la tradition, dans les légendes et ballades populaires, et il en a fait un corps de poëme qui, pour ces temps reculés, supplée en quelque manière à l’histoire. Ce poëme, où il a appliqué son génie (et ce génie est manifeste), a paru digne, il y a quelques années, d’être publié avec luxe à Paris, aux frais du Gouvernement, dans la Collection orientale des manuscrits inédits. Trois volumes (texte et traduction) ont déjà paru, et le savant traducteur, M. Mohl, est en mesure d’en