Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, I, 3e éd, 1857.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seraient susceptibles et qu’elles méritent. Elles ont eu à passer jusqu’ici par plusieurs régimes de ministères, qui peut-être ne leur étaient pas tous également favorables. Il leur était resté, de la date de leur naissance, je ne sais quelle tache originelle. On avait eu tant d’horreur et de dégoût des clubs, que la prévention d’abord a pu s’étendre, par une association injuste, sur ce qui y ressemblait le moins, et qui était bien plutôt propre à en guérir. Il serait temps, aujourd’hui que l’expérience a suffisamment parlé, et que les hommes de mérite qui se sont chargés par pur zèle de ces humbles Lectures ont assez montré dans quel sens utile et désintéressé ils les conçoivent, que de son côté aussi le public a montré dans quel esprit de bienséance et d’attention il les vient chercher, il serait temps, je crois, de donner à cette forme d’enseignement la consistance, l’ensemble, l’organisation enfin qui peut, seule, en assurer le plein effet et la durée. Une telle institution bien comprise est plus qu’aucune autre selon l’esprit de la société actuelle, aux yeux de quiconque accepte franchement celle-ci et la veut dans sa marche modérée et régulière.

J’ai donc passé mes soirées de cette semaine à entendre quelques-unes de ces Lectures qui ont recommencé à l’entrée de l’hiver. J’ai entendu au lycée Charlemagne M. Just Olivier lire quelques pages de J.-J. Rousseau, deux actes de l’École des Maris de Molière, et mettre en goût son auditoire ; au Palais-Royal ( vestibule de Nemours), le docteur Lemaout faire sentir et presque applaudir la comédie des Deux Gendres d’Étienne ; au Conservatoire de musique, M. Émile Souvestre, dans un cadre plus élargi, donner en une même soirée, en les environnant des explications à la fois utiles et fines, la Bataille des Franks, tirée des Martyrs de Chateaubriand, et, par contraste, la gaie comédie du