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tition relative aux protestants, malgré toutes ses bonnes dispositions, il restera toujours dans sa conscience le remords d’avoir fait une certaine nomination qui a produit un grand scandale ! (Rumeurs.)

« M. Sainte-Beuve (se levant et interrompant l’orateur) :

« Je proteste contre des imputations personnelles qui sortent de la question, et qui s’adressent à des hommes honorables.

« M. le Président. M. Sainte-Beuve, n’interrompez pas.

« M. Sainte-Beuve (continuant). Si c’est à M. Renan que l’honorable M. de Ségur d’Aguesseau prétend faire allusion, je proteste contre une accusation portée contre un homme de conviction et de talent dont j’ai l’honneur d’être l’ami. (À l’ordre ! à l’ordre !)

« M. le Président. Je n’ai pas remarqué de personnalités dans ce qu’a dit M. de Ségur d’Aguesseau. Il a parlé de certaines doctrines, mais il n’a nommé personne.

« Voix nombreuses : À l’ordre l’interrupteur !

« M. le baron de Chapuis-Montlaville. Il n’est pas possible de ne pas éprouver une affliction profonde lorsqu’on voit, dans une certaine littérature moderne dont on vient louer les auteurs, fouler aux pieds les lois de l’ordre éternel, attaquer la religion, base de l’ordre social. (Très-bien ! très-bien !)

« Il n’est pas permis de venir ici faire l’éloge de ces hommes qui portent l’incendie dans la société, en répandant dans les masses des doctrines d’athéisme et d’irréligion. C’est là un danger social contre lequel doivent se réunir toutes les forces des hommes de bien. Nous protestons contre ces doctrines funestes de toute l’énergie de nos convictions. (Nouvelle et vive approbation.)

« L’immoralité coule à pleins bords, et c’est à nous plus particulièrement qu’il appartient de signaler au Gouvernement les moyens d’y porter remède. Pour mon compte, je n’y manquerai pas, c’est un devoir.

« De toutes parts. Très-bien ! très-bien !

« M. Sainte-Beuve se lève de nouveau.

« Les cris : À l’ordre ! partent de tous les points de l’assemblée.

« M. Sainte-Beuve (avec énergie). M. de Ségur d’Aguesseau a parlé de deux choses. Il y a un courant d’immoralité et d’obscénité que personne ne défend et qu’on réprouve avec mépris ; mais il y a aussi des opinions philosophiques honorables et respectables que je défends au nom de la liberté de penser et que je ne laisserai ja-