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traité de la prière

66. Dans l’oraison ne te fais pas en toi-même de représentation de Dieu, et ne laisse pas ton esprit subir l’impression d’aucune forme ; mais va immatériel à l’Immatériel et tu le joindras.

67. Prends garde aux pièges des ennemis. Au milieu d’une oraison pure et tranquille, soudain se présente à l’esprit quelque forme nouvelle et étrange. C’est pour te faire croire que tu as touché Dieu, et te persuader par cette vision soudaine que Dieu est mesurable. Mais Dieu n’a ni mesure ni figure.

68. Quand l’envieux démon ne peut agiter la mémoire durant l’oraison, alors il pèse sur les humeurs du corps pour former quelque phantasme nouveau et en impressionner l’esprit. Celui-ci est aisément vaincu s’il est attaché aux notions distinctes, et trompé il prend la fumée pour le feu, lui qui tendait à une connaissance dégagée de matière et de forme.

69. Fais bonne garde, préservant ton esprit de toutes notions au temps de l’oraison, afin qu’il demeure dans sa solitude. Alors celui qui compatit aux ignorants te visitera, et tu recevras un degré éminent de contemplation.

70. Embarrassé dans les choses matérielles et agité de continuels soucis, tu ne peux prier avec pureté ; car l’oraison est le dégagement de toutes notions.

71. On ne court pas enchaîné. De même l’esprit soumis aux passions ne peut parvenir à l’oraison spirituelle ; il est tiré et poussé çà et là par les notions sensibles et ne peut se fixer.