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traité de la prière

et garder[1]. Garde donc le fruit de ton labeur, sans quoi ton oraison est vaine.

49. Tous les assauts que nous livrent les esprits impurs n’ont pas d’autre enjeu que l’oraison spirituelle ; car elle leur fait une guerre acharnée, tandis qu’elle est pour nous une source de salut et de joie.

50. Quand ils excitent en nous la gourmandise, l’impureté, l’avarice, la colère, la rancune et les autres passions, les démons n’ont qu’un but, c’est que notre esprit appesanti ne puisse plus prier comme il faut ; car, sous l’empire des passions inférieures, il n’est plus libre de se mouvoir suivant la raison et de chercher le Verbe de Dieu.

51. Nous atteignons les vertus par les raisons d’être des choses, et ces raisons par le Seigneur qui les constitue. Quant à Dieu, il a coutume de se manifester dans la contemplation.

52. La contemplation est une forme de prière dégagée de tout le sensible, qui par un amour extrême ravit aux sommets du monde spirituel l’âme[2] vraiment sage et spirituelle.

53. À qui veut prier vraiment il ne suffit pas de dominer colère et concupiscence, mais il faut encore être dégagé de toute notion sensible.

  1. Gen., II, 15.
  2. Le grec a πνευματικὸν νοῦν. J’ai dû pour une fois traduire par âme au lieu d’esprit, à cause de l’adjectif qui l’accompagne. C’est la partie supérieure de notre nature dans la division tripartite. Cf. chap.  101, 110, 132. Νοῦς équivaut à πνεῦμα de saint Paul.