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traité de la prière

42. Le propre de l’oraison c’est le recueillement accompagné de piété, de componction et de douleur de l’âme, qui confesse ses péchés avec de muets gémissements.

43. Si ton esprit regarde dehors au temps de l’oraison, tu ne pries pas encore comme un moine, mais comme un mondain qui prend soin de l’extérieur.

44. Quand tu pries, prends bien garde de laisser ta mémoire te proposer ses souvenirs, qu’elle te serve plutôt à ramener ton attention à Dieu ; car la mémoire a coutume de ravager terriblement l’esprit au temps de l’oraison.

45. La mémoire te rappelle à l’oraison l’image des faits passés, ou de nouveaux soucis, ou encore le visage d’un fâcheux.

46. Le démon est fort envieux de l’homme qui prie, et il use de tout moyen pour ruiner ses desseins. Sans cesse donc il lui suggère des pensées par la mémoire, et par la chair il soulève toutes les passions, afin d’empêcher, s’il le peut, sa marche excellente et son ascension vers Dieu.

47. Quand le méchant démon après beaucoup d’efforts n’a pu empêcher l’oraison du religieux, il se retire pour un temps, et prend sa revanche quand elle est finie. Il allume le feu de la colère pour dissiper l’excellent repos établi par l’oraison, ou il insulte à l’esprit par l’aiguillon d’un plaisir sensuel.

48. Après une bonne oraison, attends-toi à des suggestions mauvaises, et garde soigneusement le fruit de ta prière. Car dès le principe tu as été établi pour travailler