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traité de la prière

28. Ne prie pas seulement par des gestes extérieurs ; mais avec une grande crainte de Dieu, porte ton esprit à prendre conscience de l’oraison spirituelle.

29. Parfois à peine appliqué à l’oraison tu prieras bien ; d’autres fois après un long travail tu n’atteindras pas le but. C’est pour que tu redoubles d’efforts, et que ta conquête ensuite soit inviolable.

30. À la venue d’un ange, de suite tous les artisans de nos ennuis s’écartent, et l’esprit jouissant d’une grande liberté se trouve prier comme il faut. Parfois au contraire la guerre accoutumée nous presse, l’esprit se débat sans pouvoir reposer, assiégé qu’il est de passions diverses. Et pourtant, qu’il prolonge sa recherche et il trouvera, et il lui sera ouvert s’il frappe avec insistance.

31. Ne prie pas pour l’accomplissement de tes volontés, car elles ne concordent pas du tout avec la volonté de Dieu. Bien plutôt, suivant l’enseignement reçu, prie en disant : que votre volonté se fasse en moi[1] ! En toute chose demande-lui ainsi ce qui est bon et convient à l’âme, car de toi-même tu ne le chercherais aucunement.

32. Souvent dans mes prières j’ai demandé d’obtenir ce qui me semblait bon ; et j’insistais dans ma requête violentant follement la volonté de Dieu, sans lui permettre de me procurer ce que lui-même savait me mieux convenir. Puis une fois exaucé, j’étais peiné à l’extrême d’avoir tant demandé que ma volonté se fît ; car la chose ne tournait pas pour moi comme je m’étais figuré.

  1. Matth., VI, 10.